Khyssian University
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 L'improvisation à quatre, ou comment passer du Métal au Post-Rock en quelques secondes... [Jon & Karl]

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Karl von Drägn

Karl von Drägn

Messages : 671
Date d'inscription : 20/02/2011

... Suite ...
Animal: Dragniz, un griffon
Etudes: De tout, avec une dominante musique
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L'improvisation à quatre, ou comment passer du Métal au Post-Rock en quelques secondes... [Jon & Karl] _
MessageSujet: L'improvisation à quatre, ou comment passer du Métal au Post-Rock en quelques secondes... [Jon & Karl]   L'improvisation à quatre, ou comment passer du Métal au Post-Rock en quelques secondes... [Jon & Karl] EmptyLun 7 Mai - 23:21

Suivant l’islandais, l’allemand se retrouva alors dans la salle d’enregistrement. Lynda se trouvant un peu perdue au milieu de tout ce matériel, il la rejoignit, la basse dans son dos et posa l’ampli à ses pieds. Prenant la main de son amie dans la sienne et se collant à elle, il prit alors le temps d’observer la scène et découvrit la salle d’enregistrement de Khyssian. Il régnait dans la pièce un chaos où les fils et les micros semblaient se battre pour savoir lequel allait régner sur le royaume de l’enregistrement, même si les fils semblaient bien partis pour remporter la victoire.

Les murs étaient dans les tons blancs purs pour la plupart, certains étant simplement d’un bois clair, comme si on avait dû les changer… pour un problème ou un autre. La seule entrée de la lumière était une mince fenêtre de bois elle aussi. Entre deux tas de câbles, Karl réussit à entrevoir le sol de la salle qui était de parquet, même si ça aurait été autre chose que la différence n’aurait pas été très visible ! La quantité de matériel impressionnait visiblement l’allemand en tout cas, il est vrai que ça devrait demander pas mal d’organisation pour que le champ de bataille ait l’air rangé avec toutes ces troupes de dispersées. Un petit piano électrique était disposé contre un mur, jouxté par une batterie dont les caisses et cymbales portaient des marques bleues.

Au fond de la salle d’enregistrement se trouvait une porte et une baie vitrée donnant sur la salle de mixage, où l’allemand pouvait deviner quelques tables pour mixer et faire les réglages du son. En retournant sa tête, Karl découvrit un autre piano électrique, un synthétiseur, deux vibraphones et deux guitares posées sur des pieds. Empilés dans un coin, formant un bloc compact et noir, se trouvaient plusieurs amplis de taille différentes, s’adaptant aux besoins des divers instruments électriques. Faire la liste de tout le matériel dans cette pièce devait être une tâche très ardue…l’allemand plaignait d’avance les désignés d’office pour faire les inventaires. Le griffon s’étant un peu avancé vers la pièce, pencha la tête à l’intérieur et ouvrit des yeux immenses de surprise.

’’*Ouaaaah… vous allez réussir à vous y retrouver dans tout ce bordel ?*’’

Souriant à la remarque de son compagnon, Karl ne fit pourtant pas de réponse et continua son tour d’horizon. Alex bougeait partout dans la pièce pour mettre en place des micros un peu partout. Le professionnalisme du jeune américain se traduisait par des gestes précis et efficaces dans l’installation de leur enregistrement. Sentant son ami autant perdu que lui, Dragniz allait glisser l’un de ses commentaires mordants de ses habitudes, mais il fut coupé par l’américain, Karl comme sauvé par le gong.

’’Pour s’échauffer, je propose que l’on commence en acoustique. Vous êtes d’accord ?’’

L’allemand trouva enfin la position de Jon, comme celui-ci indiqua un faible ’’ Já’’, et Karl le vit en train de fixer un micro pour le plus petit des deux pianos électriques. L’irlandaise se tourna vers lui avec un regard interrogateur, et par un échange de regards, elle comprit que ça ne changeait pas grand chose pour son petit ami et émit un faible ’’Hmm oui, c’est bon…’’ qu’Alex n’entendit probablement pas, avant de glisser un regard furtif vers les deux musiciens et, les voyant tous deux bien affairés, elle posa doucement ses lèvres sur celles de Karl pour un court baiser. Ayant refait le plein, l’allemand arbora un large sourire émerveillé quand les deux amoureux lâchèrent leur étreinte… juste au bon moment, car l’islandais venait de se tourner vers eux pour leur donner quelque chose à faire.

’’Lynda, il doit y avoir des violons dans le local… Karl, tu peux l’y emmener ? … Takk !’’

L’allemand posa alors la basse en appui contre l’ampli en prenant soin qu’elle tienne bien, avant que Lynda ne l’emmène par la main en dehors de la pièce, le griffon s’écartant de leur chemin un peu au dernier moment, son regard s’étant perdu dans le compte des fils.

Les deux adolescents allèrent alors jusque dans le local à instruments et regardèrent les quelques violons disponibles. Karl lâcha son amie pour la laisser se décider et la regarda faire. Lynda commença par regarder les différents archets proposés, et elle fit le choix de l’archet le plus léger et en meilleur état, passant juste un petit coup avec un étrange minerai coloré sur le crin avant de se mettre à la recherche d’un violon à son goût. Le son produit par le premier était un peu criard et il fut rapidement ré-intégré à sa boîte. Le deuxième par contre sortait un son assez doux à l’oreille, et le troisième un son plus chaud, une fois accordé. Le choix fut compliqué pour la violoniste, qui opta finalement pour le dernier violon essayé. Attrapant à la volée un petit morceau de tissu pour ne pas trop appuyer sur le cou avec l’instrument, la jeune irlandaise prit Karl pensif par la main et ils sortirent de la pièce.

Arrivant à la salle d’enregistrement, les deux amoureux aperçurent le couple de garçons autour d’un piano, le posant au sol. Il est vrai que l’instrument semblait avoir subi une légère migration forcée durant leur absence.

’’Merci…’’

’’*J’ai loupé quelque chose d’intéressant vieux ?*’’

’’*Bof, à part les voir galérer pour déplacer le piano, pas grand chose… moi j’attends que vous jouiez !*’’

’’*T’aurais même pas pu les aider hein ? Héhéhé… t’inquiète pas, on arrive.*’’

’’*Avec mes ailes ? … j’attends avec impatience !*’’

Ignorant la dernière phrase de son ami, Karl suivit Lynda au milieu de la salle d’enregistrement, au même endroit qu’auparavant. L’islandais et son petit ami continuaient à s’affairer avec l’installation des micros, parfois faisant des pauses pour réfléchir, Jon ayant même brûlé son cerveau sous le coup de la réflexion, mais il sut éteindre l’incendie tout seul comme un grand. En même temps, les islandais, le chaud et le froid leur sont bien connus ! Enfin, Alex, perdu quelque part dans un amoncellement de fils de micros comme un labyrinthe se souvint de la présence des deux adolescents et leur donna une consigne.

’’Oh, Karl, Lynda ! Il y a de la place pour vous installer près des pianos…‘’

Et joignant la parole au geste, l’américain leur montra la place entre les deux instruments à corde frappée, destination que Karl et Lynda empruntèrent immédiatement en prenant leurs instruments avec eux.

’’Lynda, Jon va t’apporter ce qu’il faut et… Karl, tu dois savoir comment installer une prise de son acoustique, nan ?’’

Karl répondit à l’islandais par un hochement de tête et s’en alla chercher le matériel nécessaire pour s’installer… sans trop savoir où chercher. Ses yeux parcoururent l’ensemble de la pièce avant de trouver l’objet de sa quête visuelle, et il s’occupa alors de préparer la prise de son pour sa basse, se perdant et s’embrouillant plusieurs fois dans la montagne de fils, mais bon, il réussit tout de même à s’installer… s’il n’était pas dérangé toutes les trente secondes dans ses pensées.

’’Tu y arrives Karl ? Besoin d’une troisième main, ou c’est bon ?’’

’’Heuu non, ça devrait aller, merci.’’

Et il faut dire que cet échange fut répété un certain nombre de fois, ralentissant l’allemand dans ses préparations. Enfin, cinq bonnes minutes plus tard, tout le monde était prêt pour l’improvisation du groupe lui-même improvisé… enfin, tous les êtres-vivants concernés !

’’L’électronique… C’est toujours le plus dur à installer…’’

La remarque de l’américain déclencha un accès de rire chez son petit ami qui, complètement décomplexé, sembla faire un commentaire à valeur historique.

’’Des heures entières à régler…‘’

Oh non… pas des heures j’espère ! ‘’*Bonne nuit Dragn’, on risque d’en avoir pour un moment…*’’

’’*Hmm ? Préviens-moi quand vous serez bon alors !*’’

Et même s’ils n’y passèrent pas la nuit, ni même la soirée, ni même l’après-midi, les quatre amis ont mis dix bonnes minutes pour faire les réglages du son. Alex, caché derrière la vitre de la salle de mixage, s’occupa de pianoter un peu partout sur les tables. Jon chantonna dans son micro, joua un peu avec le piano de son ami et fit sortir quelques notes du sien, tandis que Karl fit vibrer un peu la pièce sous sa basse et Lynda fit chanter son archet. Enfin, tout sembla prêt, et l’américain revint se poster derrière le piano.

’’Prêts ?’’

’’*Dragniz, ça y est, on commence…*’’

Un silence solennel commença alors à s’installer, mais le pianiste américain se lança tranquillement et produisit avec son instrument des notes graves et lentes, débutant l’improvisation dans des tons assez sombres. Il fut rejoint peu de temps après par Jon qui faisait bouger ses doigts sur son propre clavier. Karl resta un moment pensif, à réfléchir à ce qu’il allait faire. Durant un moment, il resta sans bouger à se laisser pénétrer par le son envoûtant des deux musiciens, quand Lynda se mêla elle aussi à la mélodie. Ses grands mais doux mouvements d’archets posaient de longues notes, n’aidant pas à rendre plus joyeuse, mais toujours plus belle la musique du groupe.

’’*Vas-y, c’est le moment Karl…*’’

Fermant les yeux, l’allemand commença alors à gratter ses cordes métalliques pour ajouter encore de la profondeur au morceau. Les vibrations de la basse s’ajoutèrent sans difficulté à la douceur de l’air… ses doigts étaient guidés par quelqu’un d’autre que lui, mais il avait l’habitude. Sans avoir jamais joué avec ses amis, il arrivait à trouver pile au bon moment les bases pour les accompagner sans fausse note. L’esprit du jeune allemand s’en alla loin dans le ciel, quelque part où la musique et les rêves se rejoignent, dans le monde du merveilleux sûrement. Enfin, une voix lointaine s’éleva à travers les nuages pour toucher le jeune amoureux droit dans son cœur, des mots graves et informes, mais avec une mélancolie énorme. Suivant l’air, ses doigts descendirent encore plus dans les graves mais avec une douceur dans le geste rarement jouée. Même Dragniz était impressionné, Karl jouant la plupart du temps des morceaux plus durs.

Sept minutes s’écoulèrent avant que les deux pianos ne cessent de jouer, s’arrêtant en point d’orgue sur des notes graves. Karl se réveilla alors et posa sa dernière vibration, suivi peu de temps après par sa petite amie qui s’arrêta tranquillement sur une longue note. Plus personne ne bougea durant quelques instants après et Karl osait à peine respirer pour ne pas troubler l’atmosphère qui les entourait. Premier essai réussi.

’’*Vous avez failli me faire pleurer… très joli !*’’

’’Une autre ?’’

’’*Ouiiiiiiiiiii ! Mais faites plus joyeux quand même…*’’

Personne ne dit un seul mot pour confirmer, le jeu des regards remplaçant toute parole inutile. La deuxième improvisation allait avoir lieu, mais l’allemand allait se laisser guider d’une autre façon cette fois-ci… mais il ne le savait pas encore. Karl se baissa vers son ampli pour tourner quelques petits boutons afin de modifier le type de vibration et de mettre un faible effet métallique de plus. Lynda ne comprenant pas trop ce que son petit ami avait fait, elle le regardait intriguée, comme les deux autres musiciens penchés sur leurs pianos.

Alors il ferme de nouveau ses yeux et prit une longue respiration. Son bras droit se leva et s’approcha des cordes, tandis que l’autre main se posait sur le manche dans une position inconfortable pour quelqu’un de normal. Se sentant attendu par ses compagnons, captivés par le comportement du jeune allemand, ses doigts touchèrent alors les cordes de la basse. Tout d’abord avec douceur et lenteur, les notes sonnèrent avec plus de dureté au fur et à mesure que l’enchaînement s’accélérait, toujours le même motif, toujours les quatre mêmes petites notes, mais avec toujours plus d’ornements autour d’elles. Cette introduction d’une vingtaine de secondes faisait un bon intermédiaire entre le précédent morceau et celui-ci, qui annonçait clairement sa couleur fantastique.

Emmené par l’air du morceau, l’islandais chercha parti tous les modes du synthétiseur celui qu’il lui fallait, pendant que le son filandreux du violon suivait le rythme de la basse, infatigable. Le temps que Jon soit prêt, Alex s’était ajouté au groupe chaotique, montrant une haute dextérité de pianiste. L’ensemble sonnait comme un gigantesque puit de lave tombant dans les enfers, quelque chose de grave, de métallique, de violent, mais avec une grande mélodie. Peu de temps après, l’islandais se joignit à l’ensemble sur un grand accord avec un son proche de celui de l’orgue mais avec plus de résonances, mettant un instant la musique en suspend, avant que la puissance du son ne reprenne le pouvoir en jetant toutes ses forces dans la bataille. Le son du violon sonnait comme un ange pris dans les ténèbres, tandis que le piano faisait office de bourreau. Les vibrations tellement graves du bassiste allemand donnaient une atmosphère pesante sur le sol qui se joignait à eux dans cette danse démoniaque. Même Jon se laissa emporter dans cette folie, pourtant loin d’être dans ses genres. Le mal est quelque chose de très entraînant, et une improvisation d’âme damnées emmenait tout avec elle. Karl était aux anges, d’une certain façon, même si l’on dirait plutôt que son âme était descendue rendre visite au Diable à ce moment là. Soudain, la voix de Dieu résonna dans la pièce… enfin, la voix de l’islandais sonna comme tel, avec une grande force même si assez fluette dans les aigus. Un cri de désespoir ou bien un ordre vers le calme ? En tout cas, toute cette masse ténébreuse dura quelques minutes encore avant que le violon, épuisé, cesse de jouer. L’américain, les mains usées et un peu crispées ne teint pas beaucoup plus longtemps que l’irlandaise et s’arrêta sur un accord sinistre mais avec une note d’espoir. Jon lâcha en même temps un dernier accord comme un abandon dans cette quête de la justice, tandis que sa voix s’arrêtait quelque part dans le ciel, au-dessus des nuages. Les notes vibrantes de Karl ralentirent alors pour se calmer et s’évaporer tout doucement. Le torrent flamboyant des profondeurs infernales s’arrêta de couler pour redonner sa douceur et sa fraîcheur à l’air ambiant.

Ouvrant à nouveau les yeux et relevant la tête de ses cordes, Karl regarda ses amis. Il était difficile de reconnaître les émotions transperçant leurs regards…

’’*Holy shit ! C’était quoi ça ?!*’’

’’*Hein ? Heuuu… je sais pas, qu’est-ce qui s’est passé exactement là ?*’’

’’*Tu as été… terrifiant, je pense que c’est le bon mot. Terrifiant.*’’

’’*Ouais, j’avoue que j’ai ressenti ça aussi, une petite descente en enfer… moi j’ai bien aimé en tout cas !*’’

’’*Je t’avais demandé joyeux… pas fou ! Mais c’était génial ! Mieux que la plupart des groupes de métal que je connais.*’’

’’*Moi je doutais sincèrement quand je me suis senti lancé que les autres allaient me suivre, surtout Jon et Alex… peut-être que la musique a vraiment un pouvoir hypnotisant en fait.*’’

’’*A sa tête, lui-même doit être étonné.*’’

’’*Tu as raison. On n’a qu’à faire une petite pause !*’’

L’allemand se pencha sur son ampli pour le couper, avant de se relever pour donner sa proposition.

’’Bon… on fait une petite pause ?’’

’’Oui ! Moi je veux bien, j’ai un peu mal aux doigts, ça faisait un moment que j’avais pas joué comme ça.’’

Se tournant vers les deux garçons, l’allemand attendit la réponse du couple islo-américain, l’air de rien… enfin, Karl essaya d’avoir l’air naturel.
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Jón Þór Birgisson
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Animal: Von (Renard roux)
Etudes: Musique
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L'improvisation à quatre, ou comment passer du Métal au Post-Rock en quelques secondes... [Jon & Karl] _
MessageSujet: Re: L'improvisation à quatre, ou comment passer du Métal au Post-Rock en quelques secondes... [Jon & Karl]   L'improvisation à quatre, ou comment passer du Métal au Post-Rock en quelques secondes... [Jon & Karl] EmptyMar 15 Mai - 22:44

Karl posa ses doigts sur le manche de son instrument, d’une façon aux allures assez inconfortables, et sa main droite vint ensuite caresser les cordes de la basse. Les premiers sons étaient assez doux, mais ils devinrent de plus en plus durs et rapide, créant une mélodie métallique et assez déchainée. Les extrêmes pouvaient s’enchainer très vite en musique. L’islandais fut légèrement surpris par le style de l’allemand et le contempla quelques instants avant de réaliser. Mais après tout, il avait aimé, et appréciait toujours d’écouter, ce genre de musique. Ses vieux posters de Metallica pouvaient d’ailleurs en attester. Le musicien décida alors de trouver une sonorité à son piano plus appropriée et s’en fut alors explorer les gammes de l’instrument électrique. Après un certain temps, pendant lequel Karl en profita pour improviser une intro digne d’un grand bassiste, l’islandais s’arrêta une seconde dans ses recherches et ferma les yeux quelques instants, ces sonorités lui étaient familières.

Elles éveillaient en lui de lointains souvenirs, étranges, heureux et si mélancoliques à la fois. Des sons métalliques, une musique sortie de l’enfer, des notes damnées. L’ensemble projetait des ombres fantomatiques dans l’esprit de l’islandais, faisant émerger en lui de vielles réminiscences de sa jeunesse. Il se remémorait ainsi ses années passées, tantôt solitaire dans sa chambre, dessinant pour oublier, tantôt avec ses amis, se trémoussant sur ces rythme aux relents démoniaques. Cette improvisation métallique, sombre et entrainante, le faisait frissonner, en alliant des émotions aussi tristes que joyeuses. Cette musique créait un sentiment de trouble, de confusion, de brume. C’était si étrange, de ressentir ainsi ces deux choses antithétiques que sont la joie et la tristesse, réunie en un seul et même souvenir, en un seul et même instant, en un seul et même être.

L’islandais, qui entre temps avait repris ses recherches les yeux fermés, venait de trouver le son de son piano qui conviendrait le mieux et s’apprêtait à commencer à jouer lorsque le violon et le piano de ses deux mais vinrent rejoindre la mélodie, appuyant encore plus les relents sombres et durs de cette improvisation. Un courant électrique parcourut la totalité de son être, n’oubliant aucun recoin et se faufilant de sa tête à ses orteils en procurant au musicien d’étranges sensations. Ses doigts se posèrent alors sur l’instrument et effleurèrent les notes avec hésitation, avant de devenir plus brutaux et d’entrer totalement dans le rythme du morceau. Ses autres compagnons suivaient sans difficultés et montraient tous une dextérité certaine, surtout Lynda avec un instrument si peu facile à manier. Même Alex, qu’il connaissait pourtant depuis si longtemps, proposait parfois à entendre des enchainements que son ami ne lui connaissait pas. C’était agréable de savoir que même après tant d’années, ils avaient encore quelques ressources secrètes l’un pour l’autre. De toutes manières, avec leur métier, les banalités et le quotidien répétitif étaient rarement de mise dans leur vie, et c’était d’ailleurs tant mieux.

Une note plus grave que les autres de la part du bassiste, si cela était encore possible d’exister, sortit Jon de ses réflexions portées par la musique. Pourtant, malgré l’absence de l’esprit de leur maître, les doigts du musicien continuait de faire inlassablement résonner l’orgue dans la pièce, créant presque une atmosphère religieuse satanique dans le petit local d’enregistrement. Si quelqu’un avait entendu cette musique, il aurait sûrement fuit. Jon esquissa un sourire à cette pensée, puis retrouva son sérieux. Il approcha alors ses lèvres du micro et récita les paroles qui lui venaient à l’esprit. Sa voix, aussi clair que celle d’un ange, vint alors accompagner la mélodie endiablée pour quelques minutes d’une extase empreinte de noir et de blanc. La voix de l’islandais, si belle et si haute, semblait aussi fragile que du cristal au milieu des accords métalliques mais, paradoxalement, elle semblait si complaire avec merveille, se mêlant à ravir avec les sonorités du morceau. Les paroles prononcées par Jon étaient aussi sombres et fantasques que l’improvisation, évoquant tantôt des anges, tantôt la nuit, parlant de douleurs et de souffrances, de déchirures et d’un froid intenable. Parfois, sa voix se transformait en des murmures semblables à des plaintes aigues, parfois elle semblait se transformer en un cri déchirant.

Une force était venue habiter la pièce, et avait fait naitre cette musique dans les doigts des quatre musiciens. Jon ressentait cette énergie brutale et chargée de tellement de choses, anciennes comme nouvelles. Elle avait un côté d’animal sauvage, presque dangereux, et semblait remonter de la plus profonde entaille faite à cette terre. Elle ne consistait pas en une simple entité imaginaire pourvue d’un nom tel que Satan. Cette force était réelle et traversait chacun des amis présents dans la pièce, réveillant leurs côtés sombres et chaotique, titillant leurs désirs profonds et leurs instincts primitifs. Cette musique était une ode à cette énergie originelle qui coule dans les veines de tous, cette force sauvage et indomptable qui, inévitablement, cherche toujours à s’échapper. Et parfois, elle s’échappe, il ne faut pas en avoir peur.

Peu de temps après, le violon s’arrêta de jouer, Lynda devait probablement être épuisée de jouer à tel rythme, et Alex ne tint pas beaucoup plus qu’elle. Le jeune américain fit d’ailleurs craquer ses doigts tandis que Jon appuyait sur les touches de son dernier accord en soufflant lentement l’air qui lui restait dans les poumons pour prolonger encore de quelques instants la longue plainte de sa voix. Jon ouvrit les yeux peu de temps avant que le jeune bassiste n’achève enfin leur improvisation, laissant vibrer ses cordes sur une dernière et ultime note. La musique pouvait procurer des sentiments et des sensations vraiment intenses. L’islandais frissonnait encore de cette musique méphistophélique. Cette chanson avait été parcourue de notes sombres et métalliques, mais elle recelait une telle puissance, une force et une énergie incontrôlable et chaotique. C’en était effrayant, mais tellement grisant à la fois. Le musicien avait reçu comme une décharge, et il était maintenant temps d’évacuer ce trop-plein d’énergie. La sienne lui était déjà amplement suffisante, et même parfois trop pour certains de ses amis.

Alex, qui pouvait lui aussi se vanter d’avoir eu quelques côté sombre durant sa jeunesses, et même encore aujourd’hui, semblait avoir également apprécié cette descente au fin fond du gouffre terrestre, cette danse étrange et brutale avec la force primitive qui sommeillait en eux. Les deux garçons avaient maintenait des flammes qui brulaient dans leurs yeux, prêtent à envahir chaque parcelle de leur corps. Jon avait envie d’exalter cette joie et cette énergie qui prenait racine en lui, il avait envie de sauter comme un fou, de danser, de chanter, de parler, de jouer à l’infini, sans jamais s’arrêter. C’était d’ailleurs proche des sensations qui ressentait lorsqu’il venait de terminer un concert et que toute l’énergie de la musique se redéployait en lui. Généralement, il ne dormait pas avant plusieurs heures et s’en allait faire la fête et boire pour tenter de s’épuiser. Ce qui, la plupart du temps, était assez efficace. Le seul point négatif était que depuis ce temps-là, le concept des matins ne lui était plus vraiment familier, et à Alex non plus d’ailleurs.

Un petit clic fit revenir Jon dans la réalité, et l’islandais remarqua alors que Karl venait d’éteindre son ampli et qu’Alex s’était discrètement rapproché de son petit ami, en ayant au préalable éteint son propre instrument et son matériel.


- Bon… on fait une petite pause ?

- Oui ! Moi je veux bien, j’ai un peu mal aux doigts, ça faisait un moment que j’avais pas joué comme ça.

Jon esquissa un sourire tandis qu’il secoua la tête pour se détendre la nuque et fit craquer ses doigts à son tour, ce qui fit entendre un léger crac. Le jeune américain se rapprocha encore et posa sa main dans le dos de son ami avant de répondre aux deux adolescents avec un sourire.

- C’est sûr que j’ai aussi un peu mal aux doigts…

L’islandais ajouta alors une remarque, légèrement grisé par l’énergie dégagée par leur précédente improvisation.

- Si vous voulez… On pourrait aller chercher quelques trucs à la cafétéria ?

L’idée fut accueillie avec joie et tous acceptèrent d’un hochement de tête ou d’une appréciation. Après une longue délibération, et pour ne pas perdre de temps dans leur après-midi musicale, il fut décidé que les deux garçons s’en iraient acheter les commandes des quatre amis, à savoir deux bouteilles d’eau pétillante, une de jus de fruit et une de coca. Le repas de Sheila les ayant assez repus pour la journée, personne ne se décida à prendre de gâteau ou autre.

- On sera pas longs…

Jon arbora un sourire, appuyé par ses canines pointues, tandis qu’Alex enchérit avec humour.

- Soyez sages !

Et gratifiant les deux adolescents d’un clin d’œil, Alex se retourna pour suivre son ami hilare, qui brandissait bien haut sa main en l’air, l’index et le petit doigt levé en signe de sa connaissance du métal.

- Et vive Metallica !

Le jeune américain saisit la main de son ami et se retourna quelques instants pour observer la tête des deux adolescents. Il ne fut pas déçu. Puis, les garçons passèrent la porte de la salle d’enregistrement et disparurent peu de temps après dans le couloir, toujours aussi hilares. La bière n’était pas seule manière d’être dans un étant second de béatitude. Durant le trajet, Alex et Jon discutèrent de leurs improvisation passées, et celles à venir. La chanson métallique de Karl avait laissée d’étranges souvenirs aux deux musiciens, mais surtout une énergie folle. C’est ainsi qu’ils arrivèrent dans la salle polyvalente et commandèrent les boissons contre quelques livres. Une fois les bouteilles récupérées, les garçons s’en retournèrent vers la salle de musique, les bras chargés. Les discussions reprirent de plus belles, se détournant sur des sujets totalement différents de la musique. Au début du couloir, les musiciens ne tinrent plus et décidèrent de faire la course jusqu’à la porte, histoire de se défouler. Ce fut Alex qui remporta la victoire, de quelques mètres à peine. Il avait beau être plus petit, il était beaucoup plus rapide et agile.

Un peu essoufflés, Jon et Alex prirent le temps de récupérer de l’air dans leurs poumons et, une fois leur rythme cardiaque redevenu normal, les deux garçons pénétrèrent de nouveau dans la salle. Une dizaine de mètre et une porte plus loin, ils rejoignirent les deux adolescents qui s’étaient installés sur des chaises, là où ils avaient joué peu de temps avant.


- Et voici les boissons tant attendues !

Alex brandit en l’air les deux bouteilles des adolescents et leur envoya d’un geste précis mais avec douceur. Pendant ce temps, Jon avait ouvert la sienne et se délectait du liquide qui coulait dans sa gorge. Alex récupéra sa bouteille et fit de même, vidant presque la moitié de son eau. Une fois que tout le monde sembla désaltéré, un silence s’installa durant quelques instants dans la pièce, durant lequel chacun put savourer pleinement sa soif assouvie.

- Prêts pour une nouvelle chanson ?

- Já !

Des exclamations similaires mais prononcées dans une autre langue furent émises par les deux adolescents sirotant leurs boissons. L’américain reprit alors avec la même joie.

- Chacun son tour… Donc cette fois, c’est à moi de choisir !

- Aie… Je ne le sens pas très bien…

Jon, hilare, dut alors éviter la main d’Alex qui se dirigea vers sa tête pour lui ébouriffer les cheveux. L’islandais se recula légèrement, évitant ainsi le renouvellement de cette attaque. Pendant ce temps, Alex cherchait la chanson qu’il pourrait bien faire jouer à ses amis. L’américain réfléchit pendant une ou deux minutes, durant lequel Jon en profita pour s’assoir de nouveau à son piano, posant sa tête sur son bras, lui-même reposant sur le bord de l’instrument. Soudain, Alex sembla s’être décidé pour quelque chose.

- Histoire de rester dans la bonne humeur… Inní Mér Syngur Vitleysyngur !

Les deux adolescents affichèrent une drôle de tête, signe de leur incompréhension, tandis que Jon se releva avec un grand sourire, et s‘en fut en courant dans la pièce voisine, en profitant au passage pour embrasser subrepticement son petit ami. Il fallait bien le remercier d’avoir choisi cette chanson.

- Eg elska þig ! (Je t’aime) Je dois avoir les partitions dans un coin…

L’américain resta figé sur place quelques instants avant de se décider à retourner derrière son piano, un air amusé sur le visage. Le métal était finalement très bon pour le moral. Peu de temps après, Jon revint de la salle de musique avec des feuilles dans les mains. Il distribua à chacun la partition de son instrument et s’en fut s’assoir auprès de son piano, à quelques mètres de son petit ami. Les deux garçons discutèrent ensuite pendant une bonne dizaine de minutes, en islandais, laissant ainsi les deux adolescents déchiffrer le morceau et s’échauffer sur les parties les plus dures. Puis, Lynda leur signifia qu’ils étaient prêts.

- Vous arriverez à suivre ?

Karl et sa compagne acquiescèrent avec entrain. Apparemment, ils étaient également impatients de jouer de nouveau de la musique. Il est vrai que leurs précédentes expériences leur laissaient un souvenir pour le moins agréable.

- Jon ?

L’islandais afficha un sourire et apposa ses doigts sur le piano avec force, annonçant ainsi avec joie le rythme entrainant du morceau. Une dizaine de secondes après, les trois autres instruments le rejoignaient déjà, avec une synchronisation presque parfaite. La musique était rapide, sautillante et pleine de bonne humeur. Une chanson idéale pour décharger toute l’énergie métallique accumulée, surtout pour Jon qui prenait un immense plaisir à chanter sur ce rythme. Quelques mesures après le départ des instruments, la voix de Jon vint d’ailleurs s’ajouter à la mélodie principale du morceau. Différente de la dernière chanson, la voix de l’islandais ne monta pas dans les aigus et garda son timbre habituel pour chanter avec force les paroles en islandais, reflétant cette fois une bonne humeur apparente. La basse s’occupait parfaitement de marquer le rythme si prononcé de la mélodie, tandis que le violon venait tantôt accompagner les autres de notes sautillantes, et tantôt allonger les notes courtes et joueuses des deux pianos. Celui de Jon, à la partition plus simple, reprenait presque les mêmes enchainements que la basse, tandis que celui d’Alex était chargé des enchainements travaillés et qui apportaient une profondeur au morceau. L’ensemble ressemblait trait pour trait à la chanson initial, si l’on exceptait l’absence de la batterie. L’islandais semblait ravi, de même que son petit ami et les deux autres musiciens.

Mais tandis que Jon chantait un dernier « Ah nei ! » avant de s’arrêter, la mélodie changea de rythme. Le piano d’Alex effectua un enchainement de notes seul, appuyé parfois par le violon et ses accords. Cela dura quelques dizaines de secondes, puis, la voix de Jon revint s’ajouter, beaucoup plus rapide, et presque aussitôt suivie par le second piano et la basse. Le rythme était devenu encore plus marqué et tous les instruments appuyaient ensemble pour faire ressortir le tempo. Les enchainements d’Alex avaient disparus, de même que les longues notes de Lynda. Tous, jouaient à l’unisson sur ce rythme si caractéristique. Pendant ce temps, Jon récitait allégrement les paroles qu’il connaissait par cœur, formant ainsi des vers pentasyllabiques aux rimes suivies. Alex, qui connaissait, lui, la traduction exacte des paroles, de même que leur sens caché, arborait un grand sourire et prenait vraiment plaisir à jouer. Jon était dans le même état, chantant les yeux fermés dans son micro, un sourire sur les lèvres tandis que ses doigts appuyaient avec fougue sur les notes du piano. Les deux adolescents n’étaient pas en reste, même si le sens de la chanson devait leur être déjà plus flou.

Après une bonne minute d’une récitation intense, l’islandais arrêta enfin sa longue litanie sautillante, essoufflé d’un tel enchainement. Il arborait pourtant un immense sourire et venait de rouvrir les yeux pour plonger son regard dans celui de son petit ami, échangeant alors en un éclair leurs sentiments. Quelques instants avant la fin des paroles, l’américain avait de nouveau était le seul à jouer du piano, avant que tous les instruments ne reprennent ensemble pour quelques mesures finales, toujours aussi pétillante et pleines de joies. Enfin, les trois garçons se stoppèrent et laissèrent Lynda achever le morceau par sa dernière note de violon, belle et longue. La musique terminée, le sourire de Jon s’agrandit et se transforma en un éclat de rire clair, bientôt suivit par celui d’Alex. Cela ne dura pas longtemps, et le calme revint vite dans la pièce.


- Désolé c’est… La musique…

Un regard complice fut de nouveau échangé entre les deux garçons, avant qu’Alex ne reprenne la parole.

- Hé bien… A toi Lynda de choisir !



[HRP] Rhaa... Trois semaines que je n'avais pas codé XD N'empêche, ça me manquait !!! A mort la pile de devoirs que je me trimbale et qui m'empêche d'écrire T.T [/HRP]
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Karl von Drägn

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... Suite ...
Animal: Dragniz, un griffon
Etudes: De tout, avec une dominante musique
Message Personnel:

L'improvisation à quatre, ou comment passer du Métal au Post-Rock en quelques secondes... [Jon & Karl] _
MessageSujet: Re: L'improvisation à quatre, ou comment passer du Métal au Post-Rock en quelques secondes... [Jon & Karl]   L'improvisation à quatre, ou comment passer du Métal au Post-Rock en quelques secondes... [Jon & Karl] EmptyVen 8 Juin - 23:49

A la proposition des deux adolescents, l’islandais répondit en faisant craquer ses doigts dans un bruit horrible à l’oreille du griffon après avoir secoué sa tête, émettant de faibles bruits semblables avec son cou. Etait-ce un code ? En tout cas, l’américain s’approcha dans son dos et, posant sa main dans le dos de son petit ami, il prit la parole le sourire aux lèvres.

’’C’est sûr que j’ai aussi un peu mal aux doigts…’’

’’*Noooon, ne les craque pas toi aussi !!!*’’

Tandis que Karl souriait à l’affolement de son compagnon, l’islandais reprit une forme de discours civilisée et glissa un commentaire à celui d’Alex.

’’Si vous voulez… On pourrait aller chercher quelques trucs à la cafétéria ?’’

’’*Chut ! Tu dis rien ! Pour une fois qu’ils ont une bonne idée, laisse les faire !*’’

L’allemand, qui allait ouvrir la bouche pour répondre, n’osa rien dire.

’’*J’allais dire que j’étais d’accord ! T’abuse !*’’

’’*Oups, excuse moi alors…*’’

Mais les deux adultes comprirent que le sourire des deux jeunes était l’équivalent d’une approbation orale. Dragniz laissant son ami parler librement, les quatre humains décidèrent après concertation que Jon et Alex iraient chercher des victuailles pour tout le monde. La commande était alors composée de mets simples… enfin, surtout de boissons. Les deux plus vieux prirent deux bouteilles d’eau pétillante pour eux, Karl demanda une autre de coca tandis que Lynda hésitait sur son choix…

’’*Tiens ? Tu prends rien de consistant ?*’’

’’*Sheila nous a quand même bien remplis ce matin… moi j’ai à peine de la place là ! Je prendrai un goûter plus tard…*’’

’’*Héhéhé… t’as encore beaucoup à apprendre de moi avant de devenir un vrai gouffre sans fond alors mon petit Karl !*’’

’’*Certes… j’ai tout mon temps !*’’

Mais pendant que les deux compagnons discutaient, Lynda avait fini de faire son choix, faisant modèle avec du jus de fruit, et Alex et Jon allaient enfin partir à la recherche de refroidissements.

’’On sera pas longs…’’

En rigolant, l’américain se moqua un peu des deux cadets de l’équipe.

’’Soyez sages !’’

Alex fit un clin d’œil rieur à ses deux amis tandis que Karl prenait un air légèrement vexé. L’américain se retourna alors pour suivre son ami qui prenait la direction de la porte, sa main en l’air faisant les cornes du diable. Il semblait content l’islandais, et cria même un éloge à ce très grand groupe international… même s’ils ne font pas vraiment du métal.

’’Et vive Metallica !’’

Alex regarda rapidement la tête des deux adolescents derrière lui. Lynda était dubitative tandis que Karl ne savait pas quoi penser… il était un peu désespéré sur le coup. Dragniz, paradoxalement, était impressionné : il ne pensait pas que Jon pouvait connaître ce genre de musique ! Peu de temps après, remis de son choc, Karl se tourna vers son amie pendant que les deux disparaissaient à travers la porte de la salle de musique.

’’Karl, je peux te poser une question ?’’

Dragniz s’était levé avec le départ des plus anciens, et s’était dirigé vers son compagnon de toujours.

’’Bien sûr, tu veux savoir quoi Lynda ?’’

’’Ben, le prends pas mal, mais j’ai remarqué plusieurs fois sur les deux derniers jours des mom…’’

Et l’irlandaise tomba en avant dans les bras de Karl, ses lèvres tombant sur les siennes. Fait étrange, elle sembla être quelque peu bousculée par le sort. Il faut dire que Dragniz et hasard riment assez bien, la plupart du temps. Oubliant un instant ce qu’elle allait dire, et Karl remerciant la providence pour cette grâce, comme il avait deviné ce qu’elle allait dire, les deux amoureux profitèrent d’un long baiser. Leurs langues mouillèrent doucement leurs lèvres qui glissèrent alors l’une contre l’autre, mêlant leurs odeurs ensemble. Profitant d’un interstice entre les lèvres de Lynda, l’allemand glissa sa langue dans la bouche de sa copine pour danser tendrement avec son homologue féminin. Le sucre de leurs bouches se mélangèrent alors dans un fin nectar dont les deux amoureux se délectèrent avec envie. Leurs mains se croisèrent pour garder le visage de l’être aimé entre leurs paumes pour un long moment. Leur baiser dura un temps indéterminé et bien trop court aux yeux des deux amants, mais surtout, Karl espéra qu’il avait fait oublier à sa compagne sa question. Malheureusement non. Gardant leurs bras autour de la taille du partenaire, leurs cœurs battant très fort sous l’effet de leur baiser, Karl et Lynda se regardaient intensément les yeux dans les yeux.

’’Karl ?’’

Sortant de son rêve doré, l’allemand redescendit sur Terre pour écouter sa petite amie.

’’Mouii ?’’

’’*Aie ! Là, je pourrai pas t’aider une deuxième fois, elle va voir ça bizarrement sinon. Désolé vieux, j’aurai essayé…*’’

’’*Pas grave, merci quand même Dragn’.*’’

’’On peut s’asseoir d’abord ? Je fatigue un peu des jambes à rester debout aussi longtemps…’’

Karl suivit sa copine un peu plus loin dans le local d’enregistrement pour s’asseoir sur des chaises. Elle prit alors un air sérieux, les deux adolescents assis face à face, leurs genoux se croisant pour que leurs visages n’aient que trente centimètres entre eux.

’’Karl… est-ce que tu as des problèmes mentaux ? Enfin, je sais pas trop comment te demander ça… mais j’ai l’impression que tu as des moments d’absence parfois.’’

Karl prit un air pensif, avec un certain mal au cœur, les yeux baissés. Il ne savait pas quoi lui répondre.

’’*Tu pourrais lui dire la vérité.*’’

’’*J’ai trop peur de la perdre…*’’

C’est alors que surgirent subitement dans la pièce deux olibrius, que Karl reconnut rapidement comme Jon et Alex. Sauvé une deuxième fois, même s’il savait que ça le rattraperait plus tard…

’’Et voici les boissons tant attendues !’’

L’américain brandissait au dessus-de sa tête, tels des trophées dorés, les bouteilles commandées par les deux adolescents avant de rabattre son bras pour les envoyer avec grâce dans les mains grandes ouvertes des deux jeunes. Le temps que Karl et Lynda ouvrent leurs bouteilles respectives, Alex et Jon avait déjà bien entamé leurs boissons. Karl tendit la sienne vers son amie avec un faible sourire et, voyant la tête de son copain, l’irlandaise trinqua avec lui en lui glissant un ’’Je t’aime Karl.’’ dans son oreille. Ces quelques mots redonnèrent le sourire à l’allemand qui entama lui aussi le contenu noir de sa bouteille. Enfin, une fois que la gorge de chacun d’entre eux était revigorée, un blanc de repos s’installa dans la salle, apaisée. Une pause pour ne plus penser à rien. Quelques secondes pour rêver, les yeux ouverts. Voir des dragons défiler sur les murs. Etre réveillé par un américain. Ah non, c’est pas un rêve ça…

’’Prêts pour une nouvelle chanson ?’’

’’Já !’’

’’Yep !’’

’’Hmm ja.’’

Visiblement toujours dans l’extase artistique, l’américain débordait de bonne humeur, comme une bombe de bonheur en puissance. Décidément, la musique est vraiment une drogue…

’’Chacun son tour… Donc cette fois, c’est à moi de choisir !’’

’’*Ca va faire mal ! Fuyez !*’’

L’allemand faillit rire, mais il se contenta de sourire à son compagnon.

’’Aie… Je ne le sens pas très bien…’’

La main d’Alex partit très vite, mais l’islandais réussit (’’*Pff il y était presque...*’’) à éviter l’attaque de son petit ami. Ce dernier se mit alors en mode ‘’réflexion’’ durant quelques minutes. Pendant ce temps, Jon retourna derrière son piano, posant sa tête sur son bras sur le piano pour se reposer. Karl, qui avait tourné sa chaise à côté de celle de son amie, posa sa tête sur son épaule pour fermer les yeux. Il semblait fatigué.

’’Histoire de rester dans la bonne humeur… Inní Mér Syngur Vitleysyngur !’’

’’*Effectivement, tout est dans le titre !*’’

Karl prit un air demandeur, ne comprenant pas ce que l’américain venait de dire, et son amie semblait tirer la même tête. Jon, quant à lui, se leva le sourire aux lèvres et courut jusqu’à son petit ami pour l’embrasser furtivement avant de retourner devant son piano.

’’*On dirait bien que ça lui fait plaisir…*’’

’’*En effet… c’est pour ça que je doute de la joyeuseté du morceau…*’’

’’*On va voir ça bien vite, je crois que notre islandais favoris est allé chercher des partitions…*’’

En effet, Jon revenait avec de grandes feuilles blanches ornées de signes musicaux dans ses mains. La distribution fut rapide, et tout le monde reçut sa partition. Le couple islo-américain se lança alors dans une longue discussion en islandais dans son coin, tandis que Lynda découvrait le morceau offert de son côté. Karl regarda les lignes toutes tracées de noir. Le rythme était assez entraînant, un peu plus rock que le précédent morceau de Sigur Ros qu’il avait travaillé en début d’année, durant le premier cours de musique de l’année. Voyant la partie de batterie au-dessus de la sienne, il remarqua quelques arrangements pour essayer de compenser le manque de percussion dans la salle. Puis il travailla l’enchaînement classique rapidement, un peu plus lentement les passages plus compliqués de relance, avant de dire à son amie qu’il était prêt. Elle continua à travailler sa partie une minute encore avant de faire signe aux deux compères qu’ils étaient prêts. L’américain s’intéressa alors à ses amis avant de commencer.

’’Vous arriverez à suivre ?’’

Un mouvement de tête des deux amoureux, Lynda plus enthousiaste que Karl, répondit à Alex. C’était reparti pour un tour de musique scandinave. Entre les islandais, leur rock post-humanité, complètement en transe et dans leur petit monde, et le métal, aussi originaire des pays nordiques, on ne bougeait décidément pas beaucoup.

’’Jon ?’’

L’islandais comprit que c’était à lui d’entamer le morceau et il entama le morceau avec force, pianotant sur les touches bicolores avec une joie bien visible. Fermant les yeux, Karl commença peu de temps après à jouer sa partie, suivi de l’américain et sa petite amie.

Une note claire du violon vint ouvrir les paupières du jeune allemand dans un long soufflet final. Ses doigts craquaient, fatigués par l’effort. Jon et Alex se mirent à rire dans leur coin, laissant les deux adolescents incompréhensifs. Heureusement, leur folie là ne fut que passagère et le calme reprit ses droits dans la pièce rapidement.

’’Désolé c’est… La musique…’’

’’*Black out…*’’

’’*La lune est dans la mauvaise période, ça va pas durer, t’inquiète pas.*’’

’’*Ouais… comme d’habitude… pfff ça m’énerve…*’’

’’*Tais-toi et joue !*’’

Et pendant que l’allemand reprenait son sourire, Alex prit la parole pour inviter l’irlandaise à faire son choix.

’’Hé bien… A toi Lynda de choisir !‘’

’’Heuu… attendez-moi deux minutes, je vais aller chercher un truc !’’

’’Attends ! Je te suis !’’

Et les deux adolescents s’en allèrent prestement hors de la salle d’enregistrement. Arrivés dans la salle de cours, Lynda se dirigea vers son sac et en sortit plusieurs sets de partitions. Indécise, elle se tourna vers son copain.

’’Ca vaut le coup tu penses ?’’

Karl s’approcha pour embrasser doucement sa petite amie sur ses lèvres. Quand ils se séparèrent de quelques centimètres, Lynda reprit la parole.

’’Ca veut dire oui ça ?’’

’’Oui.’’

’’Merci Karl… on y va ?’’

’’Je te suis oui.’’

Trois minutes venaient de passer et le couple américano-islandais n’avait pas trop bougé de sa place. Lynda s’approcha et donna à chaque membre du groupe un lot de partitions avec sa voie. Voyant l’air étonné de Jon et d’Alex, elle s’expliqua.

’’Ben… j’ai composé quelques morceaux et je voulais avoir votre avis dessus… et essayer d’en jouer un… vous en pensez quoi ?’’

’’*Elle a osé finalement, c’est bien…*’’

’’*On va bien voir ce qu’ils vont dire…*’’

[HRP] Bon… j’ai craqué x) et encore, j’ai raccourci au maximum Razz[/HRP]

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